Vénérable Thomas de la Vierge Marie

Vénérable Thomas de la Vierge Marie

Rodrigo de Tomás y Sánchez est né à Villanueva de los Infantes, Ciudad Real, le 21 janvier 1587, du mariage entre Juan de Tomás Bustos et María Sánchez Mejías. Il fut le petit-neveu de l’archevêque de Valence, saint Thomas de Villanueva. Bien que sa famille fut l’une des plus riches de Villanueva de los Infantes, l’ardeur de son père et de son grand-oncle à aider les plus pauvres a fait diminuer progressivement la fortune familiale. Souffrant même d’une certaine pauvreté après avoir partagé tous leurs biens avec les plus pauvres. Rodrigo vivait et grandit dans cet environnement et le passage du réformateur Saint Jean Baptiste de la Conception dans son village fut décisif. En effet, s’étant déplacé de Valdepeñas pour visiter la communauté trinitaire naissante de Villanueva de los Infantes, le réformateur rencontre Jean de Thomas et son fils Rodrigo, qui dit au réformateur trinitaire : « Je suis Jean de Thomas et ce jeune homme est mon fils qui veut rejoindre votre communauté réformée. Il a 19 ans et a toujours observé un comportement exemplaire. Il a appris à lire et à écrire il y a longtemps, mais il préfère se consacrer davantage à la prière qu’aux lettres. » Jean Baptiste de la Conception demanda au jeune Rodrigo : « Veux-tu porter notre pauvre habit, à quoi Rodrigo répondit : Oui, Père, je crois que c’est la volonté de Dieu. Je sais que je vais rencontrer des difficultés et que la pénitence est dure, mais je suis sûr que Dieu me donnera la force de surmonter toutes les difficultés.

Jean Baptiste de la Conception présenta le jeune Rodrigo à la nouvelle communauté réformée trinitaire de Villanueva de los Infantes, qui approuva rapidement son admission. Le lendemain, 29 avril 1606, le jeune aspirant prit l’habit des déchaux de l’Ordre de la Très Sainte Trinité et des Captifs et changea son nom pour celui de Thomas de la Vierge Marie. Il fit son noviciat à la maison de Madrid, tout le monde prit rapidement conscience de ses vertus, surtout dans la prière et le silence, lui donnant le surnom du frère qui ne parle pas. Saint Jean-Baptiste de la Conception lui-même parle de son cheminement comme religieux :

Ce novice ayant été avec moi, et beaucoup ont fait l’expérience de cette vérité : que, étant un homme si reclus et silencieux, et de si peux de paroles, que, les frères en venaient même à croire qu’il avait perdu la faculté de parler et l’avait surnommé « le frère qui ne parle pas » pendant son noviciat. Cependant, m’étant retrouvé seul avec lui, ce même frère m’a partagé des réalités si élevées, avec des termes si extraordinaires qu’il me semble que seul le ciel ait pu lui enseigner. (Jean-Baptiste de la Conception, Assistance de Dieu aux Trinitaires déchaux, Obras Completas, II, 782)

Le mois suivant, il fut affecté à la nouvelle fondation de Cordoue, où il eut l’occasion de montrer son esprit de pénitence pour les conditions des maisons dans lesquelles vivaient ces premiers religieux trinitaires et pour le peu de nourriture qu’il y avait. Son premier et principal dévouement était déjà aux pauvres de Cordoue et à la prière. C’est précisément au cours d’un de ses moments intenses de prière que le P. Thomas de la Vierge Marie a poussé un grand cri et a commencé à verser du sang dans son nez et sa bouche. Les médecins n’ont jamais su la raison de la maladie, ils l’ont diagnostiquée comme étant une hémoptysie aiguë. Cependant, il n’a pas été vaincu par la maladie. Un mois plus tard, alors qu’il faisait l’aumône à Bujalance, la maladie s’est aggravée, de sorte qu’ils soupçonnaient que ce pourrait être la tuberculose, tous les médecins ont convenu qu’il vivait un miracle, et ils ont recommandé de le déplacer dans un endroit avec un climat plus sec. C’est ainsi qu’avec beaucoup de difficultés, il entreprit un long voyage de Cordoue à Madrid, où il finit par unir sa vie à un lit pendant plus de quarante ans.

À partir de ce moment, la vocation du P. Thomas de la Vierge Marie fut de suivre le Christ dans la tristesse, en rendant continuellement grâce à Dieu pour cette réalité : « je te remercie, Seigneur, parce que tu m’as donné la voie pour pouvoir imiter le Christ rédempteur et participer à sa précieuse passion ». Son ministère s’est développé à partir de son lit. Rapidement, toute la ville et la cour de Madrid commencèrent à parler de ce « saint », de la maladie mystérieuse dont il souffrait et de ses conseils. Thomas devint, malgré ses quelques études, un grand directeur des consciences, et sa renommée dépassa même les frontières de l’Espagne.

Bien qu’il n’ait jamais quitté sa chambre ou qu’il ne soit jamais sorti de son lit, il a été consulté par de nombreuses personnes illustres du christianisme. Le Pape Urbain VIII a ordonné à son nonce, en Espagne, de ne prendre aucune décision sans avoir d’abord consulté Frère Thomas de la Vierge. Innocent X, avant d’être élu pape, avait été nonce à Madrid et avait eu l’occasion de visiter Frère Thomas à plusieurs reprises et de le consulter sur de nombreuses questions importantes. Il lui rendit également visite avant d’être élu pape. Giulio Rospigliosi, nonce à Madrid, qui allait devenir pape et adopter le nom de Clément IX, visita aussi le frère Thomas et passa se première visite à genoux tout le temps de son entretien. Les rois Philippe III et Philippe IV d’Espagne, ainsi que leurs épouses, l’ont toujours considéré comme le meilleur et le plus fidèle conseiller, tout comme leurs précieux collaborateurs, Francisco Gómez de Sandoval y Rojas, duc de Lerma, et Gaspar de Guzmán y Pimentel, comte duc d’Olivares, qui a été conseillé et subi des reproches de la part du Frère Thomas. Cependant, aucun roi, vaillant ou noble n’accepta jamais de voir le Frère Thomas dans sa simple cellule. Dans ce sens, la reine Isabelle de Borbón fit peindre et accrocher un portrait du frère trinitaire dans ses chambres privées du palais et on la trouvait souvent en conversation avec le frère devant cette image.

Début septembre 1647, le frère Thomas se rendit compte que sa mort était proche et qu’il devait s’y préparer spirituellement. Il mourra le 7 octobre. Pendant trois jours, toute la ville de Madrid a rendu hommage à celle qu’ils considéraient comme leur saint. Le 22 septembre 1805, le pape Pie VII reconnut ses vertus héroïques et le déclara Vénérable. Son corps est vénéré dans l’église trinitaire de Valdepeñas.