Grande est ta foi ! C’est le cri d’admiration de Jésus à la femme cananéenne. Avant de dire cela, Jésus l’a vraiment éprouvé. Non qu’il ait voulu la tester mais il l’a confrontée à une réalité objective, celle de l’élection d’Israël. Cette femme cananéenne passe tous les obstacles, le barrage des apôtres d’abord, le refus de Jésus ensuite. Rien ne lui résiste. Sa foi est hors du commun. Qu’en est-il du contenu de sa foi. Sa demande, elle la crie à Jésus de loin : Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David. Elle connaît ce terme fils de David. Elle doit être au courant, au moins en partie, de l’espérance messianique qu’affirme la foi d’Israël. Non seulement son interpellation montre un certain niveau de foi mais aussi une confiance en Jésus qu’elle appelle Seigneur.
Sa force de conviction va faire plier les apôtres qui veulent s’en débarrasser. Donne-lui satisfaction car elle nous poursuit de ses cris. Refus de Jésus qui répond je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël. Il manque à cette femme l’appartenance au peuple d’Israël. Comment comprendre ce refus ? Jésus a été envoyé aux brebis perdues d’Israël par son Père! Le Père lui a donc délimité une mission précise, et ne lui a pas donné de pouvoir en dehors de cette mission. Donc, s’Il prétendait faire quelque chose d’autre, Il serait en porte à faux par rapport à la volonté de son Père. Son Père veut qu’Il se réserve entièrement au peuple d’Israël selon la chair. La manière dont Dieu veut sauver le monde, c’est par l’élection d’Israël, et c’est par Israël que le monde est sauvé. Ca ne veut pas dire que Dieu ne s’occupe pas des païens, seulement Il s’occupe d’eux par l’intermédiaire d’Israël. La femme cananéenne ne fait pas partie du peuple sacerdotal. Comment va-t-elle finir par y avoir part ? Par une ultime parole qui va tout changer.
Les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres
Elle prend Jésus au mot, et lui dit :”Tu as raison, c’est vrai ce que tu dis, et précisément va jusqu’au bout de ton raisonnement. Ce n’est pas bien de jeter le pain aux petits chiens, mais de toute façon ils se nourrissent des miettes qui tombent de la table. Alors donne-moi les miettes, je ne lèse personne, j’y ai droit en tant que païenne”. C’est là que Jésus va dire :”Grande est ta foi”.
Grande est ta foi parce que tu as reconnu que tu es païenne et que tu n’as pas droit à la grâce qui est donnée à Israël. Dans cette humilité, tu interpelles cependant Israël en lui rappelant sa mission qui est de transmettre le salut aux païens. Jésus qui est au service de l’accomplissement de la mission d’Israël va lui accorder ce qu’elle lui demande grâce à sa grande foi”, ça veut dire qu’elle a bien compris le mystère du salut, elle est grande par son contenu ; mais il y a une autre grandeur très évidente, c’est qu’elle a reconnu que les juifs sont ses maîtres.
Eh bien, pour un païen, reconnaître que les juifs sont des maîtres, c’est une grande humilité et donc la grandeur de la foi ne tient pas seulement ici dans ce cas à la grandeur du contenu de la foi, mais à la grandeur de l’humilité de cette foi. Mais aujourd’hui, comment pouvons- nous comprendre cela ? L’apôtre Pierre dans sa première épitre, reprend l’expression de l’Exode un royaume de prêtres et une nation sainte. Pierre peut dire, Vous, vous êtes la communauté sacerdotale. Nous pouvons dès lors nous approcher du Seigneur car cela nous est donné. L’exigence première, c’est d’abord de s’approcher du Christ pour constituer une communauté sacerdotale habitée par l’Esprit. Cette maison habitée par l’Esprit, nous y entrons par le baptême qui nous plonge dans la nouvelle Alliance accomplie par le Christ.
Que nous soyons prêtres ou laïcs, ce que nous avons en commun, c’est notre sacerdoce baptismal, fondement de tous sacerdoces, ministériel et baptismal. Et La source en est l’unique sacerdoce du Christ. Quelle réponse à son don gratuit, Dieu attend-il de nous, nous qui sommes ses enfants, ses disciples, ses prêtres? Il espère que nous devenions de plus en plus des fils consacrés, c’est-à-dire configurés à son Fils bien-aimé et animés d’une foi agissant par la charité (Ga , .5,6). Puissions nous être peuple sacerdotal pour ceux qui ne croient pas en Jésus. Comment faire ? Etre conscients de notre élection, tout en sachant que nous ne l’avons pas mérité. Notre responsabilité, être vraiment disciples du Christ au nom de ceux qui n’entendent pas la voix du Seigneur qui appelle, au nom de ceux qui ne voient pas en Christ la source du salut.
Soyons tous ensemble au cœur de cette Eucharistie, peuple sacerdotal pour le monde.
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