La fête de la Transfiguration nous plonge dans le mystère du Christ, dans l’harmonie de sa Personne et dans ses relations avec le Père dans l’Esprit. Il ne s’agit pas d’un événement marginal ou quelconque de la vie de Jésus. Il s’agit ici d’une révélation anticipée, d’un moment unique de sa vie, d’un reflet du Divin. Jésus, sur la Montagne Sainte, révèle sa Personne et sa mission. Les disciples avaient besoin de voir le Fils tel qu’il est, de comprendre sa mission rédemptrice et de pénétrer le mystère. La beauté du Fils est la beauté du Père. « La Beauté est le sceau de la vérité » disait Benoit XVI. Beauté et Vérité se conjuguent ici pour plonger notre regard dans les merveilles qui nous attendent.
- La Montagne Sainte.
On aurait aimé se retrouver sur cette montagne de la Transfiguration. Elle rappelle toutes ces montagnes qui ont été gravies dans l’Ecriture. Ces montagnes qui ont permis des révélations mais surtout qui ont rapproché du Divin. La Bible est clairsemée de montagnes à gravir pour y trouver Dieu mais aussi à redescendre pour nous réinsérer dans l’humanité en quête de sens et de bonheur.
La montagne d’Abraham : il sera appelé à monter vers la montagne du sacrifice. Mis à l’épreuve, Abraham doit sacrifier son fils. Il s’en remet à Dieu même s’il ne comprend pas comment ce geste pourra lui donner une descendance malgré tout. C’est la foi qui compte. C’est l’amour qui compte. C’est le regard en Dieu qui compte. Son geste sera retenu par l’ange et sera récompensé par ce titre de Père des croyants. Tournons donc notre regard vers le Père qui a sacrifié son Fils et nous a donné l’Esprit Saint pour vivre de la foi et de l’amour.
La montagne de Moïse : il sera appelé à monter vers la montagne de l’Alliance. 40 jours et 40 nuits à attendre la Parole de vie et les commandements de l’Alliance. Moïse fait l’expérience de l’attente mais aussi de l’exigence de la vie croyante. La Loi est harmonie du créé avec la volonté divine, chemin de libération et exigence de devenir plus humain. N’est-ce pas ce que nous recherchons ? Devenir plus humain pour habiter un monde humanisé demande de se savoir voulu, aimé et créé. Tournons-nous vers ce qui fait de nous de vrais hommes et femmes selon la Volonté de Dieu, qui est communion et beauté.
La montagne d’Élie : il sera appelé à monter la montagne du renouveau. Rencontrer Dieu n’est pas illusion ou fantasme. Il se laisse trouver mais encore faut-il laisser derrière nous tout ce qui nous empêche de le rencontrer, de le sentir., de le voir. Le découragement ou la colère ne sont pas des bons sentiments qui ouvrent l’avenir. Ils doivent être jetés dans la fournaise divine pour ressentir le souffle divin qui vient caresser notre joue et nous envelopper de lumière. Tournons notre visage vers le haut, vers la beauté et vers la tendresse. Dieu se laisse entrevoir pour que la vie trouve sens et joie. Le courage de vivre et même de lutter pour un monde plus juste nous est donné pour y découvrir Quelqu’un qui nous attend.
La montagne de la Transfiguration assume toutes les autres et entrevoit la montagne des Béatitudes, du Calvaire et celle de l’Ascension. Le Fils se laisse voir : il est notre Sacrifice, notre Loi et la Caresse de Dieu. Il est beauté qui se laisse toucher. Il est le Crucifié qui ressuscite. Il est Celui qui ouvre le Ciel pour enfin trouver en Dieu notre repos. Nos yeux rassasiés de bonheur et de beauté peuvent enfin voir Celui que notre cœur espère.
- La Résurrection
Certes, la Transfiguration nous plonge dans le Mystère, celui du Christ. Tout cet épisode est une révélation de qui il est et de ce qu’il fera pour nous. Moïse le législateur et Elie le prophète résument tout l’Ancien Testament. On comprend enfin que les Ecritures étaient et sont toujours une pédagogie nous préparant à une Rencontre. La seule Rencontre qui compte vraiment et vers laquelle toutes nos rencontres tendent péniblement. Nos cœurs insatisfaits sont tendus vers Celui qui nous attire et nous appelle. Cette Rencontre est tendresse et amour. Le Christ nous la dévoile
Harmonie retrouvée : combien de temps avons-nous attendu pour cela ? Que de souffrances et de réconciliation ! Notre insatisfaction nous a ouverts au plus, au plus grand, au plus beau. Nous nous sentons parfois divisés, fractionnés, déchirés. Nous rencontrons des difficultés à harmoniser notre cœur, notre esprit et notre corps. Nous sentons un écartèlement. En Christ, nous découvrons de nouvelles possibilités et un vrai chemin vers l’harmonie personnelle et communautaire, une harmonie recherchée et enfin retrouvée. Si l’Amour nous a créés, l’Amour nous a sauvés et l’Amour nous guide. L’Esprit du Père et du Fils est ce lien puissant qui fait harmonie et communion. Il rend possible ce que nous pensions impossible : la communion de soi et avec les autres mais aussi la communion avec Dieu. La Résurrection, événement majeur et fondamental, est l’explosion de l’amour dans notre monde et la Révélation définitive de l’Etre, ce Dieu Trinité qui vit de la communion éternelle. Nous ne sommes pas spectateurs mais participants, si nous le voulons bien-sûr.
Beauté contemplée : combien de temps avons-nous attendu pour voir la Beauté ? Les patriarches et les prophètes, les hommes et les femmes de foi avaient pressenti cet instant. « Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour » disait Jésus (Jean 6, 56). Parce qu’« avant qu’Abraham fût, JE SUIS » (Jean 8, 58). Tout l’Ancien Testament est orienté vers le Christ. Tout est anticipation. Tout est préparation. Il fallait du temps pour se convertir, se dégager des idoles et des illusions religieuses. Il a fallu que « le Christ souffrît » (Luc 24, 26) pour comprendre l’Amour. Paradoxalement, le visage défiguré du Christ crucifié est le Visage de la Beauté que la Résurrection va transfigurer pour révéler la vrai Visage de Dieu. Même s’il garde les marques historiques de sa passion et crucifixion, le Christ resplendit d’une beauté divine qui émeut, qui transforme et qui attire. « Son visage brillant comme le soleil » à la Transfiguration anticipe le vrai Visage de Dieu. Regarder le Christ, c’est voir le Père. « Ses vêtements, blancs comme la lumière » anticipe la Lumière de Pâques, lumière qui est Lumière et qui désormais ne faiblira plus. « Je suis la lumière du monde » (Jean 8, 12) qui donne la lumière de la vie. La Parole du Père est définitive : « Celui-ci est mon Fils bien aimé, en qui je trouve ma joie. Ecoutez-le ».
- Conclusion
Les montagnes de la vie sont celles qu’ont gravies nos ancêtres. A nous de les gravir pour trouver Dieu. Il se laisse trouver et contempler. Celle du sacrifice accepté, celle de l’Alliance, celle de la tendresse. Nous avons besoin de hauteur pour mieux revenir dans notre quotidien où Dieu nous envoie pour être témoins de cet amour.
La montagne de la transfiguration anticipe la joie de la Résurrection. Elle plonge en Dieu et en son mystère pour mieux nous révéler le Fils et sa mission. Elle dit tout ce dont nous avons besoin pour une vie de contemplation et d’harmonie.
La montagne spirituelle de la Résurrection est l’étape finale et fondamentale. Acceptée, elle révèle. Voulue, elle illumine. Vécue, elle transforme. La Résurrection est cette plongée dans l’amour infini qui est vérité de l’être et joie de l’âme.
Finalement, tout est beauté sur le Visage du Christ qui ouvre à l’amour trinitaire, Beauté éternelle.
AB
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