Jean le Baptiste nous a accompagnés durant ces derniers dimanches de l’Avent. Il avait pour mission de ‘montrer’ Jésus, de révéler l’Agneau de Dieu, de nous introduire dans le mystère du Fils. Aujourd’hui, c’est Marie qui s’adresse à nous et qui nous aide à percer le mystère de cet enfant qui vient de Dieu, qui est Dieu. Marie a été préparée pour cette mission mais sa liberté reste totale. Immaculée, elle accepte d’être la mère du Sauveur. Vierge, elle accepte d’entrer dans le secret de la conception du Fils. Épouse, elle accepte que son mariage soit bouleversé avant même de vivre avec Jospeh. Marie est un exemple d’ouverture à l’Esprit et de participation à la volonté de Dieu. Elle s’inscrit dans la longue lignée de ses ancêtres mais aussi elle sait accueillir la nouveauté de Dieu qui intervient dans sa vie pour le salut du monde. Nous pouvons suivre ses pas de croyante. Nous pouvons recevoir son amour maternel. Nous pouvons participer à la joie d’un ‘oui’ sans condition qui pourtant l’emportera jusqu’au pied de la croix. Marie, mère de Jésus, mère du Fils de Dieu, mère de Dieu. Marie notre mère, mère de l’Église. L’Annonciation ouvre la possibilité du salut et la merveille de l’impossible : l’incarnation du Verbe. Notre rédemption est proche.

  1. « Réjouis-toi Marie ».

L’Avent est le temps de la joie. La joie de croire et de vivre, la joie de se savoir aimé et attendu, la joie de partager l’amour trinitaire. Cette joie est aussi celle de recevoir le Verbe, la Parole éternelle, la Bonne Nouvelle. Ayant trouvé le Christ, notre joie déborde. Qui pourra nous ravir cette joie profonde, immense, insondable qui nous envahit à la seule pensée du Christ, de son Père, de l’Esprit ? Marie se réjouit de la venue du Très-Haut.

Joyeux de croire : le croyant est joyeux. Il a accueilli une promesse. Il a rencontré le Sauveur. La joie caractérise le croyant qui s’en remet à son Seigneur dans une confiance totale. L’Avent est joyeux car l’attente est joyeuse. Le Christ est né dans notre histoire mais il revient. Il naît dans nos vies car il est né de Marie. La naissance du Fils nous réjouit car elle a bouleversé l’histoire et notre histoire, le temps et notre temps, l’espace et notre espace. Nous sommes envahis de cette joie qui a secoué l’univers. Le petit village de Nazareth a été témoin de l’impossible. Le petit village de Bethléem a été témoin de  l’incroyable. « Réjouis-toi Marie » et exulte de joie en ton Dieu car il vient !

Joyeux de savoir : nous savons, nous avons reçu la Nouvelle. Nous avons que Dieu est intervenu et qu’il s’est révélé. Cette Bonne Nouvelle ne peut se concentrer dans nos cœurs, elle doit être partagée et divulguée. Elle doit atteindre les confins de la terre pour que tout homme sache jusqu’où est allé l’amour du Père. Nous, croyants, savons. On ne pourra dire qu’on ignorait la portée de cette Nouvelle. Comment ne pas annoncer et propager la Bonne Nouvelle, comme l’ont fait les bergers, les disciples, les Apôtres, les croyants de toutes époques et de toutes conditions. Il y a de la joie à savoir et de la quiétude à le reconnaître. Il y a de la joie à partager ce qui nous fait vivre et anime notre existence. « Réjouis-toi Marie » et exulte en ton Seigneur car tu sais à quel point il est doux et aimant, à quel point il t’aime et nous aime !

Joyeux d’aimer : nous avons reconnu l’amour et notre cœur déborde d’allégresse. C’est l’amour qui se manifeste à Nazareth, amour de Dieu pour Marie, amour de Marie pour Dieu. Amour de Dieu pour l’humanité, amour de Marie pour cette humanité prête à être sauvée. L’amour ne pourra être contenu dans le cœur de cette jeune femme qui, dans sa joie, sait et aime. Elle déborde de reconnaissance, pour avoir été choisie, pour participer à ce mystère de salut mais surtout parce que le salut, enfin, se manifeste. Marie attendait comme tous les croyants de son peuple la venue du messie, la manifestation du Dieu d’Israël. Pouvait-elle imaginer un instant que cette manifestation passerait par elle, que son oui serait capital pour le salut du monde, que son amour était si pur qu’elle a à peine hésité ? « Réjouis-toi Marie », ton amour si pur nous a donné le Sauveur et ton oui lumineux a honoré le monde d’un si grand honneur !

L’Avent nous comble de joie car l’attente se fait pressante et la venue du Christ est à notre porte. L’ange Gabriel ne se contente pas d’une salutation banale mais il souhaite le bonheur à la Vierge choisie et la comble de bienfaits. Marie répond dans la pureté de son cœur tourné vers Dieu. « Réjouis-toi Maire, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ».

  1. Le dynamisme de l’Esprit Saint.

On pourrait penser injustement qu’il y a une sorte de passivité de la part de la Vierge. Elle dit oui dans sa candeur et laisse l’Esprit agir. Il y a pourtant un dynamisme interne qu’on ne peut sous-estimer. Ce dynamisme de la relation, du partage, de la participation est justement souligné par le mot grec « dunamis ». Traduit par « puissance » dans notre texte, « la puissance du Très-Haut » devrait se traduire par le « dynamisme du Très-Haut ». Marie entre dans la dynamique de la Trinité, la communion d’amour en Dieu qui est l’Esprit Saint. Elle devient sanctuaire de la Sainte Trinité.

Dynamisme trinitaire : notre Dieu n’est pas un bloc monolithe perdu dans son Ciel. Il est dynamisme de l’amour des Personnes divines. On le voit tout au long de la Bible qui exalte le Dieu puissant et  jaloux comme un amoureux. On le voit dans la participation des croyants qui plongent dans l’œuvre active de Dieu. On le voit dans l’Évangile en suivant Jésus qui marche vers Jérusalem, animé du feu de l’Esprit et de l’amour du Père. L’amour trinitaire se laisse voir.

Dynamisme du croyant : la vie chrétienne est dynamique. Elle participe de la vie divine et reflète la vie trinitaire. Nous ne nous contentons pas de contempler cette dynamique, nous y participons par notre vie, notre amour fécond, notre action spirituelle et notre vie morale. Nous mettons le feu par notre amour et notre foi. Nous changeons le monde par notre dynamisme intérieur, reflet du dynamisme trinitaire. Marie a accueilli et participé. Elle a été à l’œuvre en suivant l’œuvre de Dieu. Elle a suivi Jésus de Bethléem à Nazareth (annonce et naissance du Christ), de Nazareth à Cana (1er signe) et jusqu’à Jérusalem (dernier signe, la croix) pour recevoir la joyeuse nouvelle de la Résurrection et attendre patiemment avec les Apôtres, l’Esprit Saint (naissance de l’Église). Elle est la plus belle fleur de notre Église !  «Tota pulchra es, Maria », la toute belle, la toute sainte !

  1. Conclusion : un oui donné dans l’amour.

Avec Marie, réjouissons-nous dans le Christ, le Sauveur qui vient nous libérer.

Avec Marie, réjouissons-nous dans le Père, le Créateur qui vient nous recréer.

Avec Marie, réjouissons-nous dans l’Esprit, l’amour du Père et du Fils qui vient nous sanctifier.

Entrons dans cette dynamique trinitaire que le ‘oui’ d’une jeune femme a innocemment révélé ! AB