(Qatar 640 – Rabban Shabour, Iran 700)
Evêque de Ninive en 676, on l’appelle aussi Isaac de Ninive. Fêté le 28 janvier.
« L’amour est le Royaume »
« Le paradis est l’amour (agapè) de Dieu, amour qui porte en lui les délices de tout ce qui peut rendre l’homme bienheureux.
C’est là que le bienheureux Paul avait reçu un aliment étranger à la nature. Et dès qu’il eut goûté en ce lieu au fruit de l’arbre de vie, il s’écria : « Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, c’est ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1 Co 2, 9). Adam fut empêché d’accéder à cet arbre par le conseil du Diable. L’arbre de vie est l’amour de Dieu, qu’Adam perdit par sa chute, et plus jamais il ne retrouva la joie ; mais il dut travailler et peiner sur la terre qui ne produisait plus que des épines. Même s’ils marchent sur une voie droite, ceux qui sont privés de l’amour de Dieu mangent le pain gagné à la sueur de leur travail, comme il fut ordonné au premier créé de le manger après la chute. Jusqu’à ce que nous trouvions l’amour, nous devons travailler sur cette terre couverte d’épines, nous devons semer et moissonner au milieu des épines, même si notre semence est une semence de justice.
Constamment, nous sommes blessés par les épines et, quoi que nous fassions pour être des justes, c’est à la sueur de notre visage que nous vivons. Mais quand nous avons trouvé l’amour, nous sommes nourris du pain céleste et nous sommes revêtus de force sans labeur ni peine. Le pain céleste est le Christ, qui est descendu du ciel et a donné la vie au monde. Et telle est la nourriture des anges.
Celui qui a trouvé l’amour mange le Christ chaque jour et à toute heure, et il en devient immortel. Car il a dit : « Celui qui mange du pain que je lui donnerai ne verra jamais la mort » (Jean 6, 58). Bienheureux celui qui mange le pain de l’amour, qui est Jésus ! Car celui qui se nourrit d’amour se nourrit du Christ, le Dieu qui est au-dessus de toutes choses, comme Jean en témoigne lorsqu’il dit : « Dieu est amour » (1 Jean 4, 8). Ainsi donc, celui qui vit dans l’amour reçoit de Dieu le fruit de vie, et, alors qu’il est encore dans ce monde, il respire déjà l’air de la Résurrection, cet air dont feront leurs délices les justes lors de la Résurrection. L’amour est le Royaume. C’est de cet amour que le Seigneur a mystérieusement promis à ses apôtres qu’ils se nourriront dans son Royaume : « Mangez et buvez à la table de mon Royaume » (cf. Luc 22, 30). De quoi s’agit-il, sinon de l’amour ? Car l’amour est capable de nourrir l’homme à la place d’aliments et de boisson. Il est « le vin qui réjouit le cœur de l’homme » (Ps 10, 16). Bienheureux celui qui boit de ce vin ! Les débauchés en ont bu, et ils sont devenus chastes. Les pécheurs en ont bu, et ils ont oublié le chemin du péché. Les ivrognes en ont bu, et ils sont devenus jeûneurs. Les riches en ont bu, et ils ont désiré la pauvreté. Les pauvres en ont bu, et ils sont devenus riches en espérance. Les malades en ont bu, et ils ont été fortifiés. Les ignorants en ont bu, et ils sont devenus sages. »
Discours ascétiques : 35, 3-4
Isaac le Syrien, Discours ascétiques, Abbaye de Bellefontaine/Editions du Cerf, Paris, 2019, 680 pages.
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