Le 8 juin, nous célébrons la fête de St Michel des Saints, patron de la jeunesse Trinitaire. Sans aucun doute, c’est le saint que nous aimons et admirons le plus, nous Trinitaires. Toutefois, nous devons mieux le connaître et le redécouvrir « afin que son image soit plus proche et plus actuelle », comme l’écrivait le P. José Gamarra, alors Ministre Général de l’Ordre trinitaire, dans sa lettre aux religieux à l’occasion du 4ème centenaire de sa naissance. De fait, nous nous trouvons devant un saint d’une stature impressionnante, d’un mystique aux dons spéciaux et c’est pourquoi les biographes le présente parfois de façon à ne point l’atteindre ou l’imiter. Mais cela ne doit pas être ainsi car les charismes, y compris la sainteté, sont au service du bien commun (1 Cor 12, 7).
- Une brève biographie.
Michel Argemir, 7ème de 8 enfants, naît à Vic, Catalogne, Espagne, le 29 septembre 1591, d’une famille aisée et profondément religieuse. Cependant son enfance subit une rude épreuve : il perd sa mère à 8 ans et demi et son père à 11 ans. Il est confié en tutorat à Juan Traversal, homme égoïste qui profite de l’enfant en lui faisant abandonner ses études pour le faire travailler dans sa boutique de textile. Sans en parler à personne, Michel frappe à la porte des Franciscains observants qui ne le reçoivent pas. Les Carmes chaussés le reçoivent mais son tuteur s’y oppose. Il a 11 ans à peine ! Il fera de même quelques mois plus tard quand en août 1603, avec quelques piécettes en poche prêtées par un ami, il part vers Barcelone, « confiant en la Vierge Marie ». Il y est accueilli par les Trinitaires chaussés. Il n’a pas encore 12 ans. En 1607, il émet sa première profession religieuse en prenant le nom de Michel des Saints.
A cette même période, le P. Jean-Baptiste de la Conception commençait la réforme de l’Ordre trinitaire. Le jeune Michel fut attiré par la possibilité d’une vie plus austère, caractéristique qu’il a depuis l’enfance et qui l’accompagnera toute sa vie. Il fit à nouveau son noviciat à Madrid mais dans l’esprit de la réforme et émit sa profession religieuse comme trinitaire déchaussé en 1609. Rapidement, il commence à expérimenter des phénomènes mystiques extraordinaires qui deviendront fréquents : jeûne prolongé, extase, ravissement, lévitation… Cependant, au même moment, il fait l’expérience de la nuit de l’esprit, expérience quasi obligatoire pour les mystiques. A Séville, où il passe les années 1609-1611, il rejoint le summum de sa transformation spirituelle, scellée par « l’échange des cœurs », c’est-à-dire une totale « christification ». Prudents, ses supérieurs le font examiner par des prêtres experts dans la connaissance des âmes. Il est ordonné prêtre après ses études à Salamanque et à Séville.
Ses supérieurs crurent qu’un religieux aussi plein de l’amour de Dieu pouvait accomplir un grand ministère. La réputation de sa sainteté sortit des murs du couvent, suscitée par sa prédication et son action pastorale intense. Il est tenu en haute estime par toutes les couches sociales de son époque. Il était estimé à la Cour de Valladolid et favorisé par le roi Philippe III, qui avec sa famille, le consultait sur certains problèmes spirituels.
Malgré son jeune âge, il fut nommé deux fois ministre de la maison trinitaire de Valladolid où il insista sur l’observance de la vie religieuse et développa la dévotion eucharistique si déterminante dans sa vie et qui reste certainement un exemple pour toute personne de toute époque, au-delà des extases qui lui arrivaient pendant les célébrations.
Il a écrit un bref traité de dévotion, La tranquillité de l’âme, de publication posthume et qui est quasi une bibliographie. Il nous reste aussi une poésie sur la vie spirituelle, quelques lettres et d’autres brefs écrits qui révèlent la profondeur de sa mystique, enracinée dans un amour de Dieu intime et concret. Ce qui caractérise sa vie, c’est ce sens du surnaturel qui le guide en tout. Il vit toujours en présence de Dieu, comme le recommande St Paul : « Tout ce que vous faites en parole ou en œuvre, que tout s’accomplisse au nom du Seigneur Jésus, rendant par lui grâce à Dieu le Père » (Col 3, 17). Il meurt le 10 avril 1625, à l’âge de 38 ans. Le 8 juin 1862, en la fête de la Pentecôte, il est canonisé par Pie IX, en même temps que les martyrs japonais.
- La spiritualité de St Michel des Saints.
Les biographes ont décrit abondement les grandes manifestations mystiques de St Michel, donnant ainsi l’impression qu’il s’agit d’un saint inimitable par l’extraordinaireté de ses dons. Il nous faut toutefois savoir lire sa vie comblée de dons et son chemin spirituel au sein de sa famille et de la vie religieuse qu’il a embrassée en totale radicalité.
A la base de tout, il y a cette conviction d’être immensément aimé au-delà de ses propres mérites. Il avait compris que la foi chrétienne, dans sa nature intime, est révélation d’amour, don d’amour et présence d’amour. Tout en lui était imprégné de cet esprit qui élève et transforme tout en amour. La conséquence en est que plus nous aimons plus nous grandissons dans l’amour et, en grandissant dans l’amour, nous pouvons aimer toujours plus : c’est un état sans fin jusqu’à ce que nous devenions nous-mêmes amour, nous transformant en Lui qui est Amour. C’est ce qu’avait expérimenté St Paul quand il affirmait : « Ce n’est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Il était clair pour St Michel des Saints que tant le baptême que la vie religieuse ont pour but essentiel cette configuration complète au Christ.
Voyons quelques éléments de l’extraordinaire vie spirituelle de notre saint tant aimé.
- L’obéissance comme dynamisme intérieur :
L’obéissance inconditionnelle à la volonté de Dieu a constitué une constante en tout ce qu’il faisait ou pensait. St Michel des Saints est celui qui a cru et accueilli l’amour, pour cela son regard était toujours fixé sur Dieu jusqu’à conformer sa volonté à la volonté de Dieu. Configuré au Christ obéissant, il vivait en constante obéissance à la volonté de Dieu. Il distinguait le « vouloir, celui que Dieu veut » du « vouloir, celui que Dieu veut que nous voulions », choisissant cette deuxième modalité parce qu’elle libère de l’autotromperie et « se fonde sur la foi, sur l’espérance et sur l’amour », comme il l’expliquait lui-même dans son traité La tranquillité de l’âme n. 25. Il en est arrivé à une telle configuration au Christ obéissant que, avec Lui, il pouvait dire : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté du Père » (Jn 4, 34). Ceci est Evangile pur et constitue le but de tout baptisé qui est appelé à se configurer au Christ dans l’adhésion totale à la volonté du Père.
- Capturé par l’amour de Dieu :
Pour St Michel des Saints, nous sommes nés du rêve de l’amour de Dieu, et nous, religieux trinitaires (ce qu’il aura sans doute entendu de notre réformateur St Jean-Baptiste de la Conception) « nous sommes des vases d’élection de la Trinité ». Si nous ne sommes pas tous appelés au martyre de sang, nous sommes appelés à aimer avec la même intensité que l’amour de Dieu. Le saint est celui qui vit d’amour parce qu’il est capturé par l’amour fou de Dieu. Il vit en profondeur l’indescriptible expérience de se sentir aimé en premier (1 Jn 4, 19). Notre saint était habité par cette conviction. Il eut cette intuition théologique extraordinaire qui dit que l’amour même de Dieu et du prochain suppose un fait précédent et fondateur, l’amour de Dieu pour nous. C’est le fait qui précède tous les autres : l’origine et la mesure de l’amour humain naissent de l’amour divin, et en lui ils doivent se mesurer. C’est à cet amour que se référait en tout St Michel.
Il se sent habité par Dieu, immergé dans cet amour originel et fondateur et c’est pourquoi il vit absorbé en Lui au point, parfois, de ne sentir aucune autre nécessité. Il l’explique lui-même quand il écrit : « Ceci procède de cette grande absorption qui fait s’oublier soi-même et oublier tout ce qui n’est pas Dieu » (Traité La tranquillité de l’âme). A ce propos il écrit que quand on vit avec une telle intensité en Dieu :
« Rien ne le dérange ou l’empêche ou l’embarrasse…
Aucune créature ne le retient :
Que tu traites tes affaires dans la rue ou sur la place
Tu ne perçois ni forme ni figure,
Parce que Dieu est la maison, siège reconnaissant,
Et il ne reçoit pas les hôtes d’auberge (L’âme de la vie unitive, huitième 17)
- L’Eucharistie comme source de la vie spirituelle :
Dans l’histoire de la spiritualité, on parle de St Michel comme un des saints le plus extatique connu. Il a fait de l’Eucharistie le centre de son insertion privilégiée en Christ et, à travers Lui, avec le Père et l’Esprit Saint : c’est le modèle parfait pour le religieux trinitaire qui unit l’Eucharistie à la Trinité, comme l’a expérimenté notre fondateur St Jean de Matha dans l’intuition de la fondation de l’Ordre trinitaire au cœur de la messe. La centralité de l’Eucharistie dans la vie de St Michel des Saints est permanente et d’actualité dans l’Eglise qui vit de l’Eucharistie. On se rappelle ici l’enseignement du Concile Vatican II qui présente l’Eucharistie comme « la source et le sommet de toute vie chrétienne » (LG 11) à laquelle tout est ordonné car en elle « est renfermé tout le bien spirituel de l’Eglise » (PO 5). Sa dévotion singulière et extraordinaire à l’Eucharistie et à la Croix était la conséquence « naturelle » de son immersion dans l’amour de Dieu. Il décèdera enlacé au crucifix en s’exclamant : « Je crois en Dieu, j’espère en Dieu, j’aime Dieu… ». Sa passion envers l’Eucharistie, bien plus qu’une simple dévotion, est une clé de lecture indispensable pour comprendre la spiritualité de St Michel des Saints parce qu’elle montre la concentration christologique de sa vie : pour lui, le Christ qui, d’une part révèle combien le Père nous aime, d’autre part nous montre comment et combien l’aimer.
- Un religieux persévérant et patient :
Un saint aux dons exceptionnels comme le fut St Michel des Saints n’a pas vécu sans difficulté ni épreuve, et ceci lui demanda de la persévérance et de la patience, envers lui-même et « avec Dieu » ! Il a vécu de dures périodes de nuits obscures dans lesquelles il a été éprouvé par de douloureux abandons. Souvent il a senti cette douloureuse sensation qu’il ne sortirait pas de ces ténèbres intenses comme s’il n’avait pas connu Dieu ni goûté à sa présence, ce qui à d’autres moments lui donnait une tranquillité extraordinaire. En tout cela, il continua son cheminement avec une fidélité absolue car il avait mis Dieu au centre de son existence.
Le mystique n’est pas épargné du drame de la souffrance, même spirituelle, malgré sa proximité de Dieu. En effet, il semble que ce soit le prix à payer pour les dons mystiques obtenus, comme une forme de purification. Le témoignage de sa sainteté devient crédible d’autant plus qu’elle est humaine et ouverte à la grâce. Chez le saint, les deux abîmes, celui de la fragilité humaine et celui de la puissance de la grâce, se touchent.
- La prière comme expression de communion intime avec Dieu :
Passer des heures et des heures en prière était normal pour lui car Dieu était sa grande passion. Il priait sans cesse parce que tout ce qu’il faisait, il le faisait pour le Seigneur, selon la recommandation de St Paul (Col 3, 14). Il priait par amour : l’amour alimentait la prière et la prière faisait croître l’amour. Il a eu cette profonde intuition théologique que Dieu, en créant l’homme à son image et à sa ressemblance, lui a donné un cœur capable d’aimer et de se laisser aimer. Il lui a donné la capacité d’aimer à sa façon, à la façon divine, c’est dire qu’il a insufflé en lui une capacité affective qui vient du divin. Dieu ne pouvait aimer l’homme plus que cela : il n’a pas tenu jalousement pour lui-même sa puissance d’amour ; il l’a partagée avec sa créature ! Michel savait qu’il ne pourrait jamais aimer Dieu comme il le mérite et c’est pourquoi il se considérait comme « un abîme de péché, un misérable, un grand pécheur » et affirmait : « Dieu me donne une conscience très claire de ma misère… », même si son cœur brûlait littéralement d’amour.
- Un apostolat intense et généreux :
La générosité et l’intensité qui caractérisèrent son bref apostolat -10 ans à peine – étaient fondées sur le désir de donner Dieu et de révéler son amour à tous, cet amour que Michel ressentait et vivait de façon irrépressible. Il avait la conviction que Jésus était venu pour que l’homme sût comment et combien il est aimé de Dieu et qu’il apprît à s’enflammer de cet amour qui l’aima le premier. Ceci était le but de son apostolat !
Malgré les difficultés – sa langue était le catalan et il œuvrait en castillan, la confusion qu’il ressentait quand il entrait en extase au point de demander à ses supérieurs de ne pas prêcher en public pour éviter cette « disgrâce » comme il disait – il se laissa guider par ce grand désir, vécu comme une passion, que Dieu soit connu. C’était une nécessité du cœur que de parler de Dieu, d’exalter son amour, au point d’être tourmenté du fait que peu sont ceux qui cherchent Dieu. Il répétait : « Si on connaissait Dieu et son amour, on mourrait tous d’amour pour Lui ». L’efficacité de son apostolat était notable, en particulier quand il traitait personnellement avec les personnes, de quel qu’état social que ce soit, qui le recherchaient continuellement. On était frappé par sa disponibilité permanente et pour tous.
- Un bon trinitaire, plein de compassion pour le prochain :
Les biographes rapportent des épisodes d’amour du prochain dès l’enfance. Il allait jusqu’à mendier pour les pauvres. Il avait hérité de cette sensibilité du contexte familial. Il réussit aussi à avoir la collaboration constante de personnes riches pour exercer la charité envers les pauvres. Il avait assumé la pauvreté avec radicalité au point d’en influencer les religieux de sa communauté. Il avait aussi une certaine sensibilité envers les malades au point que les témoins à son procès de canonisation parlaient de son « esprit compassionnel ». La déclaration des prélats de Baeza dans leur demande d’ouverture de son procès en sainteté, est significative : « Sa vie et son exemple furent d’une singulière efficacité et consolation pour les fidèles, engendrant beaucoup de fils de Dieu par sa charité, par son esprit et sa ferveur et par l’efficacité de ses paroles ».
- Le chemin spirituel de St Michel des Saints.
Il nous est possible de vivre l’expérience spirituelle de St Michel des Saints dans la mesure où nous nous mettons à la disposition de l’Esprit Saint pour qu’il forme en nous le Christ jusqu’à la configuration complète avec Lui, sans peur d’être saints ! C’est ainsi que le Père rencontrera en nous, comme en Jésus, sa complaisance (Jn 3, 17). Sans s’identifier à eux, les saints peuvent vivre des phénomènes et des épreuves extraordinaires. C’est le cas de notre saint. Si on reconnaît une vocation universelle à la sainteté, voulue par Dieu, cela signifie qu’elle est « à la portée de tous », qu’elle fait partie de la normalité de la vie chrétienne même si la grâce est nécessaire. Raniero Cantalamessa dit que les saints sont comme des fleurs : il n’y a pas que les fleurs posées sur les autels, il y en a tant d’autres qui fleurissent et meurent cachées après avoir parfumé silencieusement leur milieu. Chaque saint expose un chemin différent vers la sainteté et l’histoire de l’Eglise montre que c’est un chemin possible pour tous parce que Dieu veut le salut de tous.
C’est pourquoi, nous pouvons rappeler ici quelques éléments de la vie de St Michel des Saints qui sont parfaitement imitables, avec l’aide de la grâce bien sûr.
- L’amour comme norme suprême de la vie.
Toutes les vertus partent de cette base parce que de cela « dépend toute la loi et les prophètes » (Is 22, 21 ; Mt 7, 12 ; Rm 13, 8). Faire tout par amour et le transformer en charité parfaite était l’agir de St Michel des Saints qui voyait avec les yeux de Dieu et aimer avec le cœur de Dieu. Il est arrivé à ce haut point parce qu’il laissa Dieu gouverner et diriger son âme. La motivation originelle de l’amour était, pour St Michel, la conviction que Dieu nous a aimés le premier (1 Jn 4, 19). C’est l’Evangile pur dans lequel chaque chrétien est appelé à se refléter. Il sentait que son cœur humain était trop petit pour contenir l’amour qui débordait pour son Dieu. Ceci était source de souffrance pour lui car il désirait, mais n’y arrivait pas, aimer Dieu avec la même intensité dont il se sentait aimé par Dieu. C’était comme si son cœur n’avait plus physiquement la capacité de supporter l’immense feu d’amour qu’il avait pour son Dieu. L’unique solution, dans cette consumation, était d’aimer Dieu comme Dieu aime, avec l’ardeur brulante de son amour. Il sentait donc la nécessité d’avoir en sa poitrine le cœur même du Christ. On comprend ainsi l’expérience de l’échange mystique des cœurs qui survint à Séville. Michel était entré dans ce dynamisme de l’amour qu’il vivait comme un martyre. En ce sens, les saints meurent d’amour ! Notre confrère trinitaire, le Bienheureux Dominique Iturrate a écrit que quand on arrive à ce stade, on ne peut vivre longtemps. C’est pourquoi, il avait une préférence pour les saints morts encore jeunes.
- Se laisser guider par Dieu.
Si Dieu nous a aimés le premier et de façon si méconnue (Jn 3, 16 ; Rm 5, 6), il ne reste qu’à se remettre entre ses mains et se laisser guider par Lui. St Michel vivait d’une docilité absolue à l’Esprit de Jésus jusqu’à jouir d’une absolue tranquillité d’esprit. Plus il s’abandonnait à Dieu, plus sa pauvreté était radicale et plus grande était sa confiance en la Providence.
- L’abnégation et le détachement.
Se remettre entre les mains du Seigneur signifiait pour St Michel des Saints de se vider de tout ce qui n’était pas Dieu. Ayant Dieu comme centre de sa vie, il n’avait besoin de rien d’autre et ne cherchait rien d’autre que la volonté de Dieu. Jésus a toujours été très clair sur les conditions pour le suivre, imposant l’abandon de tout lien précédent : tout abandonner (Lc 5, 11 ; Mc 10, 28) comme famille, maison, village (Lc 14, 26 ; Mt 10, 37), comme l’argent et la richesse (Mc 10, 21), sa profession (Mc 2, 14), et toute commodité domestique (Lc 9, 58 ; Mt 8, 20). St Michel des Saints synthétise toutes ces exigences par le détachement de sa propre volonté : faire toujours et en tout et se laisser guider par la volonté du Seigneur. Il avait synthétisé tout cela dans la phrase : Vouloir ce que Dieu veut que nous voulions.
- La sainteté comme vocation et possibilité.
L’expérience spirituelle des saints est personnelle et, en certains traits, inimitable car c’est un don du Seigneur. Toutefois, ce qui compte c’est la réponse pleinement libre qu’ils donnent à la grâce et en ce sens ils ont parfaitement imitables. De plus, la canonisation accordée par l’Eglise sert à indiquer des « chemins » de sainteté. L’admiration en soi, si louable soit-elle, n’est pas suffisante. Il faut l’accompagner de l’imitation. Ainsi, la réponse donnée par St Michel des Saints constitue pour nous un appel valide à la sainteté comme réponse à la volonté amoureuse de Dieu qui nous veut saints – « Soyez saints comme moi, votre Dieu, je suis saint » (Lv 19, 2) – Il nous veut avec Lui.
Pour St Michel, la sainteté est une réponse à l’immense amour de Dieu et, comme réponse à l’amour de Celui qui nous a aimés en premier, un élan de l’âme. Le chrétien se doit donc de correspondre à cet amour qui le précède et l’accompagne. C’est pourquoi la tristesse la plus grande de St Michel est de constater l’indifférence à cet amour. Jésus fait sien l’appel du Père qui demande : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48). C’est aussi l’appel exprimé fréquemment par St Paul qui rappelle que Dieu « nous a choisis avant la création du monde pour être saints et immaculés devant lui dans l’amour » (Eph 1, 4) et que « nous sommes appelés à être saints » (1 Co 1, 1) parce que « cela correspond à la volonté de Dieu » (1 Tes 4,3). Un appel véhément à la sainteté se trouve aussi dans la Première Lettre de St Pierre aux néophytes : « Comme des fils obéissants, ne vous conformez pas aux désirs du temps… mais à l’image du Saint qui vous a appelés, devenez saints vous-aussi dans votre conduite ; car il est écrit : ‘Vous serez saints parce que je suis saint’ » (1 P 1, 14-16). Notre sainteté est donc volonté de Dieu, c’est l’unique façon d’être en communion avec Lui.
Le Concile Vatican II parle d’une vocation universelle à la sainteté (Lumen Gentium V), ainsi, même si certains saints atteignent des hauteurs vertigineuses de sainteté, leur exemple peut être suivi, non sur le mode mais dans l’esprit. C’est le cas, entre autres, de notre saint Michel des Saints. S’il n’en était pas ainsi, l’Eglise ne l’aurait pas canonisé, ne l’aurait pas proposé comme exemple, non seulement à admirer mais surtout à imiter.
St Michel des Saints, prie pour nous afin que nous soyons saints, comme nous veut saints le Seigneur, pour la gloire de la Trinité !
P. Vincenzo Frisullo, osst
Ce 8 juin 2020
Fête de St Michel des Saints, osst
Héritage :
- Un village du Québec (région Lanaudière) fondé en 1863 porte le nom de St Michel des Saints. Les habitants sont les Saint-Michellois. La paroisse lui est dédiée.
- Il y a une chapelle (Vic, Valladolid) et deux paroisses (Madrid et Barcelone) à son nom en Espagne, une paroisse à Ponce (Porto Rico) et une paroisse à Philadelphie (USA).
- Les Trinitaires indiens se sont mis sous son patronage: Vice-Province St Michael of the Saints.
- St Michel des Saints est invoqué pour les malades du cancer.
- St Michel des Saints est le saint patron de la jeunesse trinitaire.
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